SERVICE PRESSE
Auteur : GE Froideval
Sorti le 21 juin 2019
Lu en novembre
Auto-édition
Genre : thriller
► 4eme de couverture :
Franz Schligg, violoniste de talent, est un homme adulé ou détesté : virtuose pour les uns, mégalomane pour les autres. Les femmes qu'il séduit puis rejette, le considèrent comme un monstre.
Jusqu'au jour où, confronté à une femme qui lui tient tête, il la tue d'un coup d'archet. Accident ou pulsion ?
Pris dans l'engrenage de sensations qu'il peine à contrôler, dépassé par ses actes et ses mensonges, sa vie bascule lorsqu'il devient le témoin d'un crime.
Guetté par la folie, tiraillé par ses émotions, cerné par la paranoïa, Franz précipite sa chute d'un nouveau coup d'archet.
Cet acte le conduit à Karl, un tueur à gages qui lui propose un sordide marché : contraindre le violoniste à remplir ses propres contrats lorsque la cible à atteindre est une femme.
À contrecœur, Franz accepte afin de se donner le temps de trouver le moyen de s’affranchir de sa dette.
Lorsque le corps de sa première victime est retrouvé dans d'étranges circonstances, l'étau se resserre autour du violoniste, lequel n’envisage qu'une seule solution à ses problèmes : la fuite.
Mais à quel prix ?
Je remercie l’auteure pour ce partenariat et pour sa gentillesse, cela fait longtemps que je n’ai pas lu de thriller. J'ai eu la chance de discuter un peu avec GE Froideval et je peux vous assurer qu'il s'agit d'une très belle personne.
(n'hésitez pas à cliquer sur les notes de musique)
♪♫ ♪ Messieurs, Mesdames, prenez place pour assister à cette singulière représentation ; un concert très très privé dans un décor de rêve. Le Conservatoire a l’honneur de vous proposer une sonate interprétée par le grand, l’unique et le talentueux Franz Schligg, compositeur de génie et meurtrier de ces dames. Rien que cela ! Véritable virtuose du violon, les quatre mouvements de sa sonate vous invite à réfléchir, à imaginer mais surtout à rêver de la femme parfaite, de celle qui vous comblera de bonheur et apaisera les maux qui rongent votre âme. Fermez les yeux et profitez des délicates notes qu’il joue pour vous et uniquement pour vous…
Soliste mondialement connu et reconnu, adoré et adulé, il enchaîne les concerts et les succès. Séducteur né, les conquêtes ne manquent pas à son tableau de chasse, pimentant sa vie de ce qu’il appelle ses « petits jeux ». Est-ce là ce que l’on pourrait qualifier de vie de rêve, de vie d’artiste ? Entre gloire et passion, Franz Schligg semble se satisfaire de cette existence volage et des plaisirs – souvent malsain – qu’elle lui procure. D’entrée de jeu, il est dépeint comme un individu méprisant et méprisable, comme un connard (pour reprendre ses mots) qui n’a aucune considération pour les femmes et ce qu’elles peuvent éprouver. L'auteure a créé un personnage absolument antipathique que l’on prend, immédiatement en grippe, un musicien arrogant et prétentieux qui chosifie la gent féminine et se délecte des humiliations qu’il leur fait subir. En d’autres termes, c’est une personne tout à fait abjecte, une ordure, un connard (un vrai!).
GE Froideval a construit son roman autour de la personnalité mais surtout de la psychologie de Franz Schligg. Sa passion pour la musique et ses presques inavouables secrets, les démons qui le hantent jour et nuit ; tout est minutieusement passé au crible. Alors qu’il a – en apparence- tout pour être heureux, le jeune virtuose va commettre l’irréparable. Pulsion ? Folie ? Besoin ? Nul ne sait réellement ce qui lui passe par la tête mais les faits sont là, le cadavre aussi. Commence ce qui s’apparente à une descente aux enfers, à un lent et douloureux déclin à l’inverse de la douleur qui, elle, va crescendo. À travers la figure du violoniste, l’auteure se livre à une analyse fine et précise de la psychologie d’un tueur invitant le lecteur à entrer dans la tête du meurtrier (et pas tueur en série!). Il s’agit d’une construction lente et méticuleuse, Franz se dévoile sous différents prismes, celui de l’enfant déboussolé, de l’adolescent brisé et enfin de l’adulte torturé. Franz n’est pas juste un meurtrier, il est avant tout un être humain et c’est que ce les nombreuses révélations sur sa vie s’évertuent à nous prouver ; un homme avec des émotions, des sentiments, un homme que la mort et la douleur rattrapent toutes les nuits. Franz est un être torturé, il se pose énormément de questions quant à ce qu’il a fait et ce qu’il va devenir. Mourir de la main d’un autre, se suicider, devenir fou, finir en prison… Ces introspections, bien que nécessaires, sont beaucoup trop récurrentes et provoquent une certaine forme d’exaspération. Mort et musique s’embrasent et s’embrassent dans une sinistre symphonie, dans un râle exultant d’une rencontre aussi improbable que dysharmonique.
Le violoniste offre une plongée au cœur de Vienne, de son Conservatoire et des artistes qu’il abrite. Des musiciens de tout horizon profitent des cours dispensés ainsi que de la renommée de la ville. La sphère musicale sert ici de cadre à l’histoire, elle ne l’étouffe jamais mais se rappelle à nous lorsque l’on sent qu’elle s’échappe… Quelques noms de compositeurs sont glissés ça et là, les instruments rythment la vie des musiciens mais pas que… Un grand nombre de personnages forment un ballet gravitant autour de la personne de Franz, encore et toujours. Issus de différents mondes, ces personnages représentent autant de catégories sociales qu’il y a de sous-intrigues dans le récit. Vienne n’est pas uniquement une ville d’artistes ; politiques et malfrats constituent également les maillons d’une immense chaîne dont on ne soupçonne pas l’importance. Le milieu bourgeois et l’élite côtoient ou plutôt abusent d’autres individus à grand renfort d’extorsions et de chantages.
♫ ♪ ♫ Les intrigues s’emboîtent à la manière des matriochkas ; le lecteur en découvre une avant de se rendre compte que de nombreuses autres en découlent et ainsi de suite. Des meurtres, une campagne politique, du chantage, des révélations personnelles, des jalousies… L’éventail est large, sans doute un peu trop. Une seule scène permet de confronter tous les milieux, tous les personnages, une seule et unique scène qui permet de boucler la boucle, de dresser une image globale de tous les éléments qui se chevauchent, des intrigues qui s’entremêlent. Le livre fait plus de 600 pages et, en tout honnêteté, j’ai bien mis 400 pages à entrer dans l’histoire. Je n’arrivais pas à accrocher ni au style, ni aux personnages, ni au récit. Cette expérience me rappelle celle que j’ai vécu, il y a quelques années, lors de la lecture de Meurtres pour rédemption de Karine Giebel, une impression de longueur, la sensation que l’on tourne en rond, que tout avance à pas de loup, une lenteur quasi exaspérante… J’avais devant moi quelque chose de nébuleux dont je ne parvenais à extraire la mélodie. Le français n’est pas la langue maternelle de GE Froideval et je salue sa détermination et les nombreux efforts qu’elle a fourni pour rédiger ce roman, toutefois, j’ai trouvé que la plume manquait parfois de fluidité, que les phrases étaient hachées, trop accentuées également, j’ai remarqué de nombreux mots en trop et des tournures un peu lourdes. Ce n’est que vers les 2/3 du récit que j’ai apprécié la musicalité des mots, comme si mon oreille (mes yeux en l’occurrence) s’était enfin accoutumée au rythme ainsi qu’aux sonorités.
L’intrigue politique, les jeux de pouvoir et la manipulation viennent progressivement tisser leur toile et nourrir l’histoire. L’auteure ouvre de nombreux tiroirs, pioche çà et là des éléments afin de créer un ensemble qui transcende le simple fait divers en une gigantesque fresque sociale. Le risque de ce genre de procédé est, de perdre le lecteur, de le noyer sous une masse d’informations qu’il ne parvient à assimiler que difficilement. J’ai bu plusieurs fois la tasse, je l’avoue. La dimension politique du livre ne sert pas, à proprement parler, l’intrigue. Elle permet de camoufler les actions de Franz, non pas de justifier ses crimes mais plutôt de les dissimuler sous couvert de manigances politiques. Deux mondes se rencontrent donc, ils entrent en collision, s’appréhendent avant de s’utiliser mutuellement, on use du pouvoir de manipulation de l’un la renommée de l’autre. Franz et Karl incarnent cette confrontation et cette mise à l’épreuve respective. Franz ; Karl ; deux assassins, deux personnalités, deux trajectoires. Karl, bien plus expérimenté que le musicien, s’immisce dans la vie de ce dernier, le surveille, épie ses moindres faits et gestes, dicte sa conduite et la marche à suivre. Un rapport de force est instauré, une relation de dominant à dominé dans laquelle le respect et la crainte sont imposées ; Karl apparaît progressivement comme la Némésis de Franz, comme un être cauchemardesque dont il veut à tout pris se défaire de l’emprise. Les passages mettant en scène ces deux personnages sont profondément révélateurs de la noirceur de ce livre et du poison qui gangrène les relations humaines.
Je suis très attachée à la vraisemblance ainsi qu’à la cohérence des événements dans les livres et plus particulièrement dans les thrillers ; la fiction reste importante mais le réalisme ne doit pas être écarté. J’ai tiqué à la lecture de quelques passages, comme interpellée par la réaction ou plutôt la « non-réaction » de certains personnages. Des gens disparaissent, d’autres meurent, des protagonistes subissent des agressions mais l’enquête piétine, la suspension d’incrédulité est brisée. J’ai eu la sensation que personne ne voulait bouger, que les événements décrits et la réalité du livre leur semblaient lointains, improbables, que l’on refusait d’agir et de réagir. L’impression que, tout au long de la lecture, on se cherche des excuses, que l’on rejette la faute sur les autres, que l’on se trouve des prétextes pour justifier l’horreur des crimes, pour justifier les meurtres ainsi que certaines conduites. Comment réagiriez-vous si votre ami vous confessait son crime ? Imaginez la même scène se reproduire avec différents personnages et vous comprendrez qu’à mes yeux, ce n’est pas réaliste. Honnêtement, je n’avais qu’une envie : secouer les gens et les forcer à ouvrir les yeux.
Image par Niek Verlaan de Pixabay
♪ ♪ ♪ Lili… Oh Lili… Elle sait, elle apprend à connaître Franz, à le détester, à l’apprécier et sans doute à l’aimer. Lili incarne la femme brisé qui se relève, celle qui tient tête et fonce tête baissée dans tous les pièges. Elle aurait pu être attachante si elle n’avait pas été aussi naïve et sotte. Ses états d’âme m’ont fait, plus d’une fois, lever les yeux au ciel. L’amour qu’elle porte à Franz est aussi incompréhensible que destructeur. Elle se fourvoie et semble sombrer dans la folie, comme aveuglée par ses sentiments ou alors est-elle la seule à voir la véritable nature de Franz ? Je n’en sais rien… Et je dois admettre que la fin de l’histoire, plutôt surprenante, ne m’a pas du tout convaincue.
Franz Schligg est un séducteur maniant aussi bien son archet que les mots. Nombreuses sont celles qui tombent sous son charme et dont il se délecte de la détresse. Véritable homme à femmes, il use de son statut d’artiste et de ses richesses pour séduire et se repaître de ses victimes. Il ne joue pas seulement avec les femmes, il les chosifie, les prends et les jette, les abandonne seules face à leur propre honte et impuissance. À travers le personnage du violoniste et de la manière dont il appréhende les relations hommes/femmes, l’auteure pointe du doigt certains comportements et certaines formes d’amour, si tant est que l’on puisse parler d’amour. Elle dénonce un jeu de séduction malsain et souvent poussé à l’extrême. L’objectivisation maladive des individus et plus particulièrement des femmes devient presque le cœur du récit, le nœud de cette histoire. Les personnages évoluent dans un monde d’illusions, de faux-semblants et de mensonges, un monde dans lequel les paillettes se teintent du sang d’innocentes victimes. Les rapports entre les individus sont codifiés et j’ai eu l’impression, dans ce livre, que presque toutes les relations étaient artificielles, provoquant l’illusion d’une vaste et grotesque comédie dans laquelle les comédiens jouent le rôle qui leur est imposé et non pas celui qui correspond le plus à leur propre volonté. Franz Schligg, comme d’autres, ne prend pas le temps de tisser des liens et de les entretenir, il vit dans une sorte de bulle éphémère qui le coupe totalement d’une certaine forme de réalité.
En définitive, Le violoniste est un thriller psychologique mettant en scène la lente et douloureuse descente aux enfers de Franz Schligg. Entre succès, femmes et intrigues politiques, le livre dévoile une très large fresque et nous immerge progressivement dans la tête d’un meurtrier. La musique sert de cadre aux événements au même titre que les femmes apparaissent comme des objets, des instruments. Quelques petits points m’ont chiffonné, ralentissant ma lecture et provoquant parfois une certaine exaspération. À travers la dimension psychologique du livre et le personnage de Franz, l’auteure analyse des relations hommes/femmes dans une société qui consomme l’amour plutôt que de le vivre.
► 3 raisons de lire Le violoniste - Coup d'archet
- Un cadre assez peu courant, celui de la musique
- Un personnage principal antipathique à la psychologie très fouillée
- Le regard porté sur les relations hommes/femmes dans la société
Le cadre est extrêmement original et peu commun lorsqu'il est mêlé à un thriller, c'est intéressant je trouve ! Tu me donnes très envie de tenter l'expérience ma belle 😀
RépondreSupprimerJe ne peux que t'inviter à tenter l'expérience alors :) C'est en effet peu commun et cela sert bien l'intrigue :)
SupprimerMerci pour cette belle chronique :)
RépondreSupprimerMerci à toi pour cette lecture :)
SupprimerAaaah, là tu m'intéresses :D Je me note le titre dans ma wish-list, merci pour la découverte :)
RépondreSupprimerça me fait plaisir !! :D
SupprimerMalgré ton bel avis, je passe mon tour =)
RépondreSupprimerCe sera pour un prochain livre :)
SupprimerMerci pour cette belle découverte Kathleen ! :)
RépondreSupprimerAvec plaisir :)
SupprimerIl a l'air particulier, je ne sais pas si j'ai envie de le découvrir dans l'immédiat, mais tu piques ma curiosité... Il a l'air intéressant et j'aime bien certaines idées soulevées dans ton avis. Merci pour cette découverte !
RépondreSupprimerC'est sans doute le contexte qui le rend particulier ou alors le personnage très énigmatique et torturé de Franz ;)
SupprimerIl est vraiment sympa à découvrir.
Je ne pense pas me laisser tenter...
RépondreSupprimerCe sera pour une prochaine fois ;)
Supprimertu piques ma curiosité, mais je ne sais pas si je vais aller au bout. Bizarrement, en lisant ta chronique, je pensais au film le parfum (pourtant aucun rapport avec ce livre), mais c'est l'atmosphère et le personnage qui s'enlise dans ses démons qui m'y a fait penser
RépondreSupprimerOh peut-être oui! Je t'avoue que je ne l'ai ni vu ni lu donc je suis mal placée pour en parlant mais c'est tout à fait possible. ;)
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