► Titre : Khalil
Auteur : Yasmina Khadra
Sorti le 16 août 2018
Lu en mars
Éditions : Julliard
Genre : drame
► 4eme de couverture :
Paris, ville des lumières, nous sommes le Vendredi 13 novembre 2015. L'air est encore doux pour un soir d'hiver. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d'explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l'acte. Il fait partie du commando qui s'apprête à ensanglanter la capitale.
Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ?
Dans ce nouveau roman, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme, d'un réalisme et d'une justesse époustouflants, une plongée vertigineuse dans l'esprit d'un kamikaze qu'il suit à la trace, jusque dans ses derniers retranchements, pour nous éveiller à notre époque suspendue entre la fragile lucidité de la conscience et l'insoutenable brutalité de la folie.
Ce titre me faisait de l’œil depuis un petit moment, lorsque je l’ai vu disponible à la médiathèque, j’ai sauté sur l’occasion. Je mourrais d’envie de le lire depuis sa sortie.
Yasmina Khadra est un auteur que j’adore, que j’admire même, je trouve qu’à chaque fois il parvient à dépeindre avec justesse et sensibilité une situation jugée pourtant critique. Il possède le don d’écrire des histoires dures et réalistes, véritable virtuose des mots et de leurs sens. Khalil ne déroge pas à la règle, il s’agit non seulement du titre du livre mais également d’un prénom. Le prénom de celui dont on nous narre l’histoire. Khalil signifie plusieurs choses, l’une de ses significations est la suivante : « l’ami intime de Dieu » dans le Coran, c’est sans doute celle qui nous intéresse le plus. Ce prénom sonne presque comme une malédiction…
Khalil c’est un livre très fort dans un contexte plus actuel que jamais : celui des attentats, de la violence et de la radicalisation. Khalil c’est un jeune homme dont l’existence va basculer, dont la vie va prendre une tournure inattendue et, semble-t-il, irréversible. Dès les premières pages le lecteur est happé par un tourbillon d’images toutes plus folles les unes que les autres, il est plongé dans un passé douloureux que l’on a tous en mémoire : les attentats de 2015, le stade de France, le Bataclan… Personne ne voudrait avoir à se souvenir de tout cela, ne voudrait avoir à revivre cela…
Au fil de la lecture, ce livre m’est vite apparu comme un moyen de lutter contre la radicalisation, comme une lueur d’espoir dans l’obscurité que représente l’existence de certains. Avec Yasmina Khadra, nous découvrons le début, l’origine, le pourquoi du comment. Cette histoire trouve un écho dans la lutte que mène Latifa Ibn Ziaten, si vous ne connaissez pas cette femme, je ne peux que vous inviter à visionner le documentaire qui a été fait sur elle. Ce qu’elle fait est admirable, elle force le respect. Latifa comme Yasmina Khadra mène un combat afin d’endiguer l’hémorragie provoquée par la radicalisation.
C’est un récit qui se savoure et ce pour de multiples raisons. Je pense que je pourrais vous parler de ce livre pendant des heures entières, je vais tâcher de ne pas trop digresser. La plume de Yasmina Khadra est juste sublime, c’est un régal et je m’en délecte à chaque fois, elle est si chargée de sens, sans aucun jugement mais surtout, elle est terriblement poétique. Je suis totalement fan de son style, de la façon dont il manie les mots. Il parvient à toucher l’essence même des choses, à aborder de très nombreux sujets, souvent chocs, avec une incroyable sensibilité.
Khalil c’est un uppercut qui fait prendre conscience de la violence et de l’amour du monde, du besoin de chaque individu d’avoir des repères fixes, quelque chose de stable à quoi se raccrocher. Pour certains cela passe avant tout par la reconnaissance, pour d’autres ce sera l’identité et ainsi de suite. A travers le récit de ce jeune radicalisé, nous découvrons l’importance de trouver sa place dans le monde, d’être accepté pour ce que l’on est. Le parcours de Khalil est celui d’un jeune que plusieurs personnes vont manipuler, celui d’un jeune qui pourrait être votre ami ou votre frère. Quand vous avez, pardonnez-moi l’expression, le cul entre deux chaises, il apparaît difficile de se sentir intégré d’un côté ou de l’autre.
Tout est passé au peigne fin, c’est non seulement un récit sur le terrorisme, la radicalisation, la religion et la quête d’identité. C’est tout cela et aussi beaucoup plus… Conviction et détermination sont aussi de la partie. On y découvre la famille, le monde association, les amis ainsi que l’école… Nous pénétrons dans le quotidien de Khalil, dans ce qui constitue sa vie, son existence. La finesse d’analyse et de réflexion de l’auteur me surprendra toujours. À partir d’un individu lambda il parvient à créer toute une histoire des plus réalistes et à faire passer des messages forts.
Je ne peux vraiment que vous recommander ce livre, j’ai vécu des émotions intenses : une boule s’est progressivement forgée dans ma gorge plus on approchait de la fin. Je voulais à tout prix connaître le dénouement. Et quelle fin ! Percutante. À l’image du récit. Alors oui, c’est une histoire dure, le genre de livre dans lequel le doute s’immisce petit à petit, un doute mêlé de nombreuses remises en question et de beaucoup de douleur. Oui, c’est dur et intense, c’est éprouvant et sincère. C’est sublime.
Encore une fois, je suis tombée sous le charme de cette plume qui manie si bien les mots et les idées. Khalil c’est un moyen de prendre conscience de ce qui ne va pas mais surtout, de ce que l’on peut faire pour aider les gens, pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme. Les changements opérés par certains personnages sont brutaux mais nécessaires. Et je tiens à souligner une autre qualité que j’admire chez l’auteur, c’est sa capacité à ne porter aucun jugement. Il énonce des événements, nous explique les causes, les conséquences, nous dresse l’immense fresque qu’est la vie de Khalil sans jamais juger ce qu’il a fait, ce qu’il a dit, ce qu’il est devenu. Je m’interroge d’ailleurs quant à la couverture, symbolise-t-elle la chute ou l’envol ?
En définitive, ce roman c’est une boucle qui se boucle, c’est une lecture rapide, un récit qui se dévore et délivre des messages forts. Khalil c’est un uppercut, une claque, un tsunami qui nous ravage le cœur. Une histoire forte, des personnages fouillés, une intrigue riche et dense, il n’en fallait pas moins pour conquérir mon coeur de lectrice. Je suis fan de cet auteur, de son œuvre, de ce livre. Je ne peux que vous recommander de mettre le nez dans ce qu’écrit Yasmina Khadra, cela vaut vraiment le détour.
Un livre que je trouve fort intéressant ! Merci pour cette découverte Kathleen :)
RépondreSupprimerOh que oui, intéressant, passionnant, nécessaire, les adjectifs ne manquent pas pour décrire ce livre. Avec plaisir :)
SupprimerMerci beaucoup pour ta chronique ! ça donne envie de le découvrir
RépondreSupprimerMerci à toi, c'est vraiment une super histoire!
SupprimerWahou, rien que ton avis est une clasue ma belle, alors j'ose imaginer le roman en lui-même...Je le note, même si je sens que je vais en être éprouvée !
RépondreSupprimerOh merci beaucoup!! Ce roman est magnifique! Oui, tu risques d'être éprouvée mais il en vaut la peine :)
SupprimerMalgré ton avis qui fait éloge de ce livre, je ne suis pas trop tentée. Merci beaucoup pour sa découverte !
RépondreSupprimerCe n'est pas trop ton genre de livre, ce sera pour une prochaine fois :)
SupprimerAh ! Le fameux roman :P
RépondreSupprimerMerci pour ton avis, comme tu sais, je pense que je ne suis pas capable d'apprécier un roman ainsi tant mon coeur de guimauve ne supporterait pas mais je me le note, si jamais j'ai envie de tenter, je commencerai par celui ci
Oui, celui-là même :D
SupprimerTu peux commencer par celui-ci ou par L'équation Africaine, c'est celui avec lequel j'ai découvert l'auteur et m'a donné envie de lire ses autres romans. Il est dur aussi mais sans doute moins éprouvant, quoique... :)