[ livre ] Le quai de Ouistreham




" La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J'ai décidé de partir dans une ville française où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail. J'ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas. J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009. J'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver écrire ce livre. ", 



Editions Point         Témoignage            238 pages




Lecture dans le cadre du cours Culture de la communication et des médias.
Nous devions essayer de comprendre le rôle du journaliste dans ce livre, l'apport de ce dernier et la manière dont il a agit pour écrire ce roman comme un poignant témoignage d'une triste réalité.

Je dois avouer avoir été déstabilisée lors de la lecture des premières pages, je ne pensais pas aimer le style de l'auteure, beaucoup trop rythmé à mon goût, mais ce fut finalement une belle et agréable surprise. Il s'agit d'un récit à la première personne, Florence Aubenas nous conte son histoire, sa vie dans la peau d'une femme en recherche d'emploi. Nous plongeons au cœur d'un univers qui peut paraître banal mais ce n'est qu'une illusion, le monde du chômage est un vrai cauchemar, et pire encore.

J'ai aimé cette immersion, suivre le parcours de la journaliste qui s'est prêtée au jeu, en effet, Florence s'est inscrite en tant que chercheuse d'emploi, sans aucun diplôme, en cachant son vrai métier. Pendant plusieurs mois elle est allée de boîte d’intérim en boîte d’intérim, a enchaîné petit boulot sur petit boulot, a fait rencontre sur rencontre, ses journées étaient plus que remplies, sans cesse sur le qui-vive. C'est ce quotidien qu'elle nous raconte, ses joies comme ses peines.

On retrouve l'idée de journalisme dans ce livre, en effet, pour écrire ce roman l'auteure a du réfléchir à l'angle sous lequel raconter l'histoire, aux passages qu'elle allait nous présenter mais aussi aux questions qu'il fallait se poser. L'écriture s'en ressent également, sans fioritures ni éléments superficiels, un récit à la fois simple et réaliste qui nous touche. Ce fut donc une incroyable plongée au cœur de la précarité, une immersion parmi ces hommes et femmes au grand cœur, plein de bonne volonté et qui ne demandent qu'à travailler. Nous sommes amenés à découvrir le regard que porte la société sur ces femmes de ménages, sur ces personnes aux maigres revenus. Ce livre ne m'a pas laissé indifférente, bien au contraire. Écrit en temps de crise, en 2009, il relate les difficultés rencontrées pour trouver un emploi et le garder.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur cet univers, je vous recommande vivement ce livre. Bien qu'ayant caché sa véritable identité pour obtenir un récit le plus authentique possible, l'auteure n'est pas à blâmer, bien au contraire. Elle a volontairement changé le nom des personnages, elle a gardé des liens avec celles et ceux qui ont partagé son quotidien, mais surtout, elle n'a pas porté de jugement de valeur sur leur activité, racontant le plus objectivement possible la situation dans laquelle beaucoup sont embourbés. Je salue donc le travail de Florence Aubenas.  

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