Le portrait d'une plume - Joseph Kochmann

Bonjour tout le monde,

C'est avec plaisir que je vous retrouve pour une nouvelle édition de "Le portrait d'une plume". Toutes les deux semaines, vous pourrez découvrir le portrait d'une Plume, c'est à dire d'un des membres de l'association Les Plumes Indépendantes. Je pense interviewer non seulement des auteurs mais aussi des blogueurs, illustrateurs, correcteurs etc. Vous trouverez à chaque fois des questions dites de base, que je poserai à chaque membre, mais également des questions plus personnalisées qui vous permettront ainsi de mieux cerner la personne. Certaines interviews seront plus longues que d'autres, je vous invite donc à ne lire que les réponses qui vous intéressent, les questions posées seront mises en évidence. J'espère que ce rendez-vous vous plaira !




Je vous propose aujourd'hui d'en apprendre un peu plus sur Joseph Kochmann et son univers totalement décalé. J'ai découvert les livres de Joseph via la plateforme Simplement.pro et j'en suis vraiment ravie. Au fil de mes lectures et des échanges avec Joe, j'ai appris à connaître l'homme derrière l'auteur. Je vous laisse lire son portrait...
Écris-tu sous un nom de plume ou ton vrai nom ?


C’est une question intéressante… et ma réponse sera malheureusement très simple. Il s’agit de mon vrai nom. Je suis né Joseph Lucien Oliver Kochmann ou Joseph Kochmann, tout simplement. J’ai toujours beaucoup apprécié mon nom complet. Deux syllabes pour chaque mot… C’est plutôt cool. Après, je ne supporte pas qu’on m’appelle Joseph. C’est surtout dû à des mauvais souvenirs d’école. Pour les amis, c’est toujours Joe.


 
Combien de textes as-tu à ton actif ? 


J’ai cinq textes terminés et publiés.

Mes plus importants sont ceux qui constituent ma Trilogie des Singes de la Bêtise



- Mute (numérique/papier)

- Blind (numérique/papier)

- Deaf (numérique/papier)



Sinon, j’ai deux nouvelles à mon actif, disponibles gratuitement sur Wattpad et Scribay. La première, Le Donjon qui se Mord la Queue, est une histoire de dark fantasy assez violente avec un petit twist. Elle se déroule dans le même univers que mon livre Deaf. L’autre, Teckel au Chocolat, est une petite enquête avec des chiens, pilote d’une saga sur laquelle je travaille en ce moment.



Quel texte préfères-tu parmi ceux que tu as écrit ?

Si je devais en choisir un seul, ce serait Deaf, mon dernier livre. C’est mon roman le plus personnel.


Que t’apporte l’écriture ?


Beaucoup de choses. Disons que c’est un besoin. J’ai comme une créature à l’intérieur de moi qui veut s’exprimer au risque de me dévorer de l’intérieur. L’écriture est le médium qu’elle utilise. Écrire des histoires permet de contrôler beaucoup de choses. C’est à la fois une machine à voyager dans le temps comme un appareil à créations. On place des personnages dans un monde et une époque, on réfléchit à une thématique et on découvre comment ils la vivent. On finit par évoluer avec eux. C’est très intéressant, selon moi.



  
Comment appréhendes-tu les retours de tes lecteurs et quelle relation entretiens-tu avec eux ?


J’avais une peur bleue de leurs réactions avant la sortie de Mute. Quand j’ai vu que mon univers pouvait plaire, contrairement à ce que me laissaient entendre certains éditeurs qui ne lisaient rien de plus qu’une ligne de mon travail, j’ai été honnêtement estomaqué. C’est, de ce fait, une vraie joie de lire leurs réactions et de discuter avec eux. Il y a un énorme respect qui se tisse entre eux et moi et c’est un véritable plaisir. J’ai rencontré des gens intelligents, ouverts, gentils, des personnes profondes avec de vrais avis critiques. En tant qu’indépendant, je pense à mes lecteurs en priorité. C’est avant tout pour eux que j’écris.


Tes proches sont-ils au courant ? Bénéficies-tu de leur soutien ?


Oui, ma famille et mes amis sont au courant et me donnent du soutien. J’aimerais d’ailleurs remercier mes plus fidèles lecteurs — qui se reconnaîtront sûrement — pour leur aide énorme.


  
Quels sont tes genres de prédilection en tant qu’auteur/lecteur?


En tant qu’auteur, j’adore faire du fantastique voire de la fantasy, tant que ceux-ci servent de métaphores à des sujets de société et soient un minimum originaux. J’ai, par exemple, un mal fou avec certains romans de high fantasy, que je trouve vus et revus. En tant que lecteur, j’aime aussi beaucoup le fantastique, mais j’avoue rester ouvert. J’apprécie surtout les histoires avec des personnages déjantés et des antagonistes travaillés. Les bons polars sont un vrai plaisir coupable, d’ailleurs.




  
Si tu devais être un personnage d’un de tes textes, qui serais-tu? 


Johan, le héros de Blind, est celui auquel je me suis le plus attaché et qui me ressemble, selon beaucoup, le plus. Camille dans Deaf, cependant, est celui qui, je pense, est le plus représentatif de ce que je suis à l’intérieur.



  
Quelle a été ta plus grande joie/peine en tant qu’auteur ?


Ma plus grande joie a été de lire des retours détaillés de Mute, mon premier livre. C’était la première que qu’on me donnait des avis honnêtes de mon travail — la plupart extrêmement positifs. Ce fut une véritable récompense. 

Ma plus grande peine concerne, encore aujourd’hui, le mépris honteux qu’ont certaines maisons d’édition et libraires à l’égard des autoédités. En tant qu’indépendants, c’est difficile à avaler, surtout de la part de gens qui ne prennent même pas le temps de lire nos travaux.


  
Quel livre, déjà publié, aurais-tu voulu écrire ?


C’est une question difficile. Aucun en réalité. Je suis ravi de découvrir de merveilleux romans : ils sont toujours des sources énormes d’inspiration. Mais sans mon point de vue, ça ne sera, de toute façon, jamais mon travail. Si j’ai envie d’écrire quelque chose, je l’écris et j’y ajoute ma vision. C’est ça qui fait que je m’approprie un univers.


 
Un message à faire passer à ceux qui voudraient te lire ?


J’ai voulu raconter l’histoire d’un triangle amoureux dans trois mondes fantastiques et déjantés qui, pourtant, ont du sens à travers leur folie. La violence, l’étrange, l’humour, les relations humaines servent ici comme des métaphores à travers des aventures pleines de rebondissements, mettant en scène des souffrances d’adolescents face à la mort, la justice, la création… 

Un lycée cruel au cœur d’un désert aride, un tribunal sombre dans une ville enneigée, une triste ville moyenâgeuse entourée par un mur… 

De l’horreur fantastique au polar rythmé à la dark fantasy mêlée au thriller psychologique lynchien, j’ai vraiment eu l’ambition de raconter une épopée personnelle, différente. 

En tant qu’indépendant, j’ai pu avoir une liberté totale, sans aucune censure. 

Mon cow-boy muet, mon juge aveugle et mon roi sourd vous attendent avec impatience. 


Plus qu’une simple envie d’écrire, La Trilogie des Singes de la Bêtise semble être un vrai cri du cœur, parle-nous de tes sources d’inspiration.


J’avais vraiment besoin d’écrire ces histoires. 

En vérité, Mute devait, au départ, être unique. C’est lors de sa création que je me suis dit qu’il y avait matière à une préquelle puis à une suite. 

Ce premier tome, je l’ai commencé lors de mon adolescence, à 19 ans. J’étais parti pour travailler dans le cinéma et j’étais en plein montage d’un premier film qui s’avéra être un désastre. Je venais de finir la Tour Sombre de Stephen King et, une journée, alors que j’étais étouffé par des sentiments difficiles, j’ai senti l’envie de m’exprimer. J’ai écrit une dizaine de pages sur un cow-boy se réveillant dans le désert et tuant deux de ses amis, transformés en horribles mutants. J’ai ensuite écrit « le garçon roux marchait tranquillement dans les couloirs du lycée » puis j’ai laissé reposer pendant un mois. Je ne savais même pas moi-même ce que ça signifiait à l’époque. J’ai réfléchi pendant tout ce temps et, alors, tout pris sens dans ma tête. J’ai ensuite poursuivi l’histoire et elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. 


Mes autres sources d’inspiration pour Mute furent Harry Potter, notamment à travers les personnages adolescents qui découvrent peu à peu les mystères de leur école, Le Fléau, cette idée du Bien qui se bat contre le Mal au milieu d’un désert — la couverture américaine du livre étant elle-même une grosse inspiration pour une scène clé de Mute — et Urotsukidoji, un film d’animation japonais ultra-violent qui m’avait traumatisé étant enfant. Je ne conseille à personne de le voir d’ailleurs. Je le qualifie d’Orange Mécanique japonais… en plus cru et surtout, malheureusement, très misogyne. 

Blind a très vite germé dans mon esprit. Sans trop en dévoiler, disons que l’histoire de Mute donnait matière à une préquelle. J’ai longtemps pensé à un polar puis ça a peu à peu évolué en courtroom drama assez fou. J’ai très clairement été inspiré des séries de jeux vidéo Ace Attorney et Danganronpa. Blind en est, pour moi, même un hommage. J’avoue adorer m’inspirer d’un médium pour le porter vers un autre. C’est presque un défi pour moi. 

Deaf est devenu important à mes yeux lorsque je me suis rendu compte que j’avais besoin de développer une vraie fin à mes aventures. Mes inspirations sont encore variées… De Game of Thrones à la BD L’Histoire du Corbac aux Baskets... Ce qui m’a le plus inspiré, cependant, est la série Paranoia Agent de Satoshi Kon, que je recommande beaucoup d’ailleurs. Ce serait difficile d’expliquer exactement pourquoi. Disons qu’il y a cette idée de déconstruction, de folie, de métaphores, de différents points de vue... Je pense qu’il serait en réalité difficile de comparer les deux œuvres tant elles sont différentes, mais j’y songeais beaucoup à l’écriture. 

Je ne pourrais pas finir ce paragraphe sans parler de Tim Schafer qui est et restera ma principale source d’inspiration. C’est un scénariste de jeux vidéo qui a toujours eu pour philosophie d’allier écriture, mise en scène et gameplay en mettant en avant de l’humour, des personnages complètement dingues et des méchants plus que charismatiques. Je bois ses paroles depuis mon enfance. Ce serait d’ailleurs un rêve d’un jour le rencontrer. Chaque fois que j’écris, je pense fort à ses univers. 

Bien sûr, ma vie, mon expérience personnelle, reste ma plus grande source d’inspiration, notamment mon vécu à l’adolescence, juste avant la conception de Mute. 

Enfin, je suis un grand passionné de rebondissements, comme on peut le voir dans mes histoires — les twists qui bouleversent un univers et ses personnages. J’aime notamment les réponses simples à des questions, en apparence, complexes. En restant vague, une grande partie du twist de Mute vient d’une discussion que j’ai entendue entre deux hommes en attendant le bus, celui de Blind du comportement d’un certain personnage que j’ai voulu développer, et celui de Deaf… Hé hé hé…



En lisant ta saga, on se rend compte que les personnages principaux de tes trois livres ont énormément de points communs, notamment quant à leur caractère. Explique-nous ce choix. 


Sans spoiler, disons que j’ai eu une attitude assez bouddhiste sur la question. Je voulais montrer comment les mêmes personnages, dans des univers et des corps différents, pouvaient affronter certaines situations en étant muets, aveugles ou sourds. 

J’avais envie qu’on puisse retrouver les mêmes héros et les voir grandir tout en ayant la possibilité de les rencontrer pour la première fois, réussir à les suivre sans connaître leurs aventures passées. 

Donc ainsi faire une trilogie qui puisse être découverte dans le désordre, mais qui soit d’autant plus satisfaisante quand on suit son évolution. 

Ainsi, les mêmes entités reviennent face à des problèmes différents, apprenant de leurs erreurs, au fur et à mesure, évoluant malgré elles. 

Toutes sont également représentatives d’images qui me tiennent à cœur, notamment le triangle amoureux, central aux trois récits. 

Mon défi d’ailleurs, pour le prochain livre, est de traiter une histoire sans triangle ni violence, les thématiques principales de cette trilogie.


Vous pouvez retrouver mes chroniques sur les livres de Joseph Kochmann : 

- Mute
- Blind
- Deaf

Commentaires

  1. C'est un beau portrait, très intéressant. Merci de nous l'avoir partagé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ! Un portrait passionnant pour un auteur qui l'est tout autant.

      Supprimer
  2. Une interview aux questions très pertinentes. C'est toujours interessant d'en savoir plus sur un auteur

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ! Oui, et je pense qu'il est important de les mettre en lumière :)

      Supprimer
  3. Ravie de pouvoir lire une de tes interviews ma belle, c'est toujours aussi intéressant et en plus, j'avais déjà repéré ses romans, ça me donne d'autant plus envie !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup, ça me fait plaisir ! Je ne peux que te conseiller ses romans, ils sont top :)

      Supprimer
  4. Un auteur que j'adore!
    Il faut absolument que je me dégage du temps pour lire les deux autres volets de la saga des singes de la bêtise :)

    Bravo à vous deux!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un auteur que j'adore aussi !
      Ouiii, je ne peux que t'inviter même t'inciter à les lire.

      Merci ♥

      Supprimer
  5. C'est un très beau portrait ! Merci pour la découverte de Joseph Kochmann que je ne connaissais pas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ! C'est un super auteur, malheureusement ce n'est pas vraiment ton genre de lecture :(

      Supprimer
  6. C'est une chouette interview et ça me donne encore plus envie de découvrir cette trilogie, les références me parlent beaucoup (Ace Attorney, Game of Thrones). Merci ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ! Oui les références sont nombreuses et vraiment intéressante, je ne peux que t'encourager à découvrir ses livres :)

      Supprimer
  7. Décidément c'est un très chouette rendez-vous !

    RépondreSupprimer
  8. portait très interessant qui nous permet de connaitre un auteur peu connu. Jolie rubrique

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ! J'ai beaucoup aimé les réponses de l'auteur, on cerne vraiment son univers :)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Merci de ton passage :)